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LE MONDE SOUS MA LOUPE

Aime toi toi-même - Aujourd'hui

  • Photo du rédacteur: louguillouard
    louguillouard
  • 12 avr. 2020
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 avr. 2020

Pour lire la première partie, cliquez ici.


Avec le temps j'ai appris à aimer toutes ces choses qui Autrefois me tourmentaient.

J'ai tout accepté, j'ai appris à tout aimer.

Mes poils, mes vergetures, ma morphologie...


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Cela m'a pris quelques années, et quelques kilos.

Oui, car depuis cette époque, j'ai pris une dizaine de kilos. Non pas qu'on en a quelque chose à faire, je crois simplement que c'est l'exemple le plus parlant de la futilité de cet indicateur. Il me fallait grossir pour comprendre la vanité de la chose : je n'ai jamais été aussi "plumpy"qu'en rentrant d'Inde, je n'ai jamais été aussi heureuse.

Tout l'enjeu, toute l'importance que j'accordais à mon poids à l'époque reposait sur l'idée que je serais plus heureuse, plus aimée, plus épanouie lorsque j'aurais maigri. Bien au contraire, plus mon attention se déportait de mon physique, plus j'étais moi-même, plus ma connexion avec mes ami.e.s s’intensifiait. Nous nous aimions mieux, nous nous aimions plus fort, plus profondément.

Encore une fois, j'avais tout mélangé : depuis toujours, mon objectif était d'être heureuse et comblée, je n'avais juste pas encore compris que ce serait grâce à mes amis, ma famille, mes voyages, la littérature, le féminisme, l'art... Je l'ai atteint, et sur le chemin, j'ai gagné du poids.

J'aime mon corps, non pas pour ce qu'il est, mais pour tout ce dont il est capable.

Ces kilos, ce sont tous les moments partagés, tous les plats dégustés, les mets préparés... J'aime mon corps car il est la personnification de toutes les expériences que j'ai vécues.

J'aime mon corps, car il m'a permis de traverser l'Himalaya. Il m'a permis de plonger dans l'océan Indien, de grimper en haut d'un temple Maya, d’arpenter Manhattan à pieds, de pédaler dans les rizières d'Ho-Chi-Minh...

J'aime mon corps, non pas pour ce qu'il est, mais pour tout ce dont il est capable. Je ne réfléchis plus en kilos, mais en capabilités.

La capabilité est un terme à la base économique, développé par Amartya Sen, philosophe et économiste indien, prix Nobel d'économie en 1988. Les capabilités permettent de repenser la croissance. Le niveau de développement d'un pays ne se résume pas à son PIB, mais également à ses capabilités : se nourrir, être libre, être en bonne santé... Pour en lire plus sur Amartya Sen et la théorie des capabilités, cliquez ici ou là.

Repensons notre corps : celui-ci ne se mesure pas en kilos, mais en force, en souplesse, en santé, en potentiel...

Je suis reconnaissante pour ce corps qui me porte et me permet de porter mes projets fous. Grimper l'Everest, courir un marathon, faire le grand écart... si un jour je le décide, je veux le pouvoir.

Ma pratique du sport a complètement changé. Là où je faisais du sport pour maigrir, aujourd'hui je fais du sport pour m'améliorer. Là où j'étais motivée par un sentiment négatif - faire du sport parce que veux maigrir - aujourd'hui, je l'aborde sous un angle positif -je fais du sport car je veux être en bonne santé -. Ce qui explique sûrement pourquoi je n'ai jamais réussi à avoir une activité sportive régulière, pourquoi passé le 31 janvier, après les "bonnes" résolutions, j'arrêtais.

Le classique "abdo/fessier/cardio" a été remplacé par le yoga, qui me permet d'être challengé, d'avoir un objectif de capabilité (réussir une pose, atteindre un certain niveau de souplesse et d'équilibre...).

Bref, je ne fais plus du sport parce que je n'aime pas mon corps ; tout au contraire c'est parce que je l'aime et le chéris que je veux lui faire du bien. C'est pour toutes les belles valeurs du sport, comme le partage ou le dépassement de soi que j'en fais.

"Si j'étais sur une île déserte, comment me serais-je comportée ?"

Je crois également que le féminisme m'a beaucoup apporté.

J'ai certes vécu une expérience personnelle, mais c'est également une expérience sociale et culturelle.

En tant qu'étudiante en sciences sociales, il m'est souvent demandé de questionner et identifier dans les comportements quelle part est motivée par des facteurs individuels et psychologiques, et quelle part, par des facteurs extérieurs, sociaux et culturels. Ma façon d'y réfléchir est de me poser la question "si j'étais sur une île déserte, comment me serais-je comportée ?"

Si j'étais sur une île déserte, si la nature était ma seule référente, je n'aurais jamais pensé à qualifier mon corps. Mon corps n'est pas trop gros, il est, simplement. Aujourd'hui, j'ai rayé le mot "gros" de mon vocabulaire.

Les femmes, dans l'expression de leur féminité, se doivent d'être dociles et se plier aux normes, elles seront bien épilées, bien coiffées, bien formées ou elles ne seront pas.

Nous grandissons dans une société qui nous apprend que la qualité première que les femmes ont à offrir au monde est leur corps, leur beauté. Que les femmes, dans l'expression de leur féminité, se doivent d'être dociles et se plier aux normes, elles seront bien épilées, bien coiffées, bien formées ou elles ne seront pas.

Je n'étais pas belle, j'avais failli à mon devoir de décorer le monde, je ne trouvais plus ma place dans la société. Grâce au féminisme, je me suis détachée complètement de cette injonction. Toute l'énergie autrefois dépensée pour me convaincre que je n'étais pas assez jolie, je la dépense aujourd'hui pour devenir une meilleure femme. Une meilleure personne, tout simplement. Aux vues de mon histoire, je comprends mieux pourquoi mon féminisme est très porté sur la libération des corps, sur l'abandon des normes de beauté toxiques.

Pour moi, le propre même du féminisme est d'être inclusif et donc ne concerne pas qu'un genre. Nous sommes tous confrontés à ces standards, et dans une certaine mesure nous en souffrons tous - hommes comme femmes.


Ce sont Hugo, Wilde, Baudelaire, Rostand, Saint-Exupéry et j'en passe qui m'ont appris à m'aimer. C'est en apprenant à les connaitre, que j'ai réussi à me connaître moi -même.

Je ne gâche plus mon temps à me trouver des défauts, je l'utilise pour me cultiver, pour lire, regarder, écouter, partager, m'intéresser... Aujourd'hui, la seule nourriture qui m'intéresse est celle de l'âme.


En plus du féminisme, c'est la littérature qui m'a sauvée.

Ce sont Hugo, Wilde, Baudelaire, Rostand, Saint-Exupéry et j'en passe qui m'ont appris à m'aimer.

C'est en apprenant à les connaitre, que j'ai réussi à me connaître moi -même.

J'ai trouvé en ces auteurs une voix bien plus sage que moi, des mots qui m’apaisaient, des œuvres qui allaient m'accompagner tout au long de ma vie, me guider.

Au delà de leurs paroles, j'ai redécouvert cette passion en moi - qui avait toujours été là, mais qui somnolait -, de lire et d'écrire. La littérature est un cadeau qui n'arrête jamais de donner ; peu importe ce que l'on vit, un auteur a une réponse déclinée sous toutes ses formes : que ce soit en poésie, en pièces de théâtre ou en roman, j'ai toujours pu me tourner vers elle. Par ailleurs, dans toutes les épreuves que j'ai traversé, j'ai écrit. Dans un journal intime, sous forme de poèmes, d'articles ou de chansons. C'est une corde supplémentaire à mon arc "meuf qui arrête de se définir par son physique", c'est à la fois mon identité, et ce qui me comble.


Socrate disait "Connais toi toi-même". Ce fameux adage a pris tout son sens pour moi dans mon cheminement intellectuel. Il prône, à travers l'introspection, la recherche du savoir en nous-même. La connaissance, selon Socrate, nous est intrinsèque. Elle ne nous est pas extérieure, elle est en nous et l'a toujours été. Cependant, il faut faire l'effort d'aller chercher au plus profond de soi-même, il faut faire l'effort d'essayer de se connaître.

Ce postulat m'a apporté beaucoup de sérénité : j'ai toujours eu en moi les ressources nécessaires pour devenir une meilleure personne, pour être forte, courageuse, intrépide, curieuse, ouverte.... Je ne m'étais simplement pas encore trouvée. C'est notamment en voyageant seule que je me suis découverte, que j'ai appris à me connaître.

Dès lors que l'on reconnaît que notre corps ne nous définit pas, que nous avons plus à offrir que notre corps, alors pour s'aimer, il faut se connaître. Reconnaître ses talents, ses qualités, ses ressources, ses victoires, ses défaites, ses accomplissements... Les chérir. Ne jamais les sous-estimer. Les revendiquer.

Grâce à cela, j'ai compris que mon poids n'était un indicateur ni de bonheur, ni de valeur. En fait, à part un indicateur de la force d'attraction que la Terre exerce sur un corps, il n'indique rien du tout.

J'ai compris que l' "on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux."

J'ai compris que parfois, mes yeux me mentaient. Que parfois, je ne pouvais leur faire confiance. Que ce que je voyais, n'étais pas ce que j'étais. Je suis bien plus que mon corps. J'ai compris que l'"on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux." (Saint-Exupéry, dans Le Petit Prince)


C'est avec certitude que j'affirme que ce qui me rend belle, n'a rien à voir avec mon corps. Ce qui me rend belle, c'est ce qui me rend humaine, ce sont toutes les qualités que je me suis construites, et pour lesquelles j'ai du mérite.

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© 2018 par Milena Pasina (@milenapasina)

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